Tommy Lee contre le volcan

« We’re going to put as many people in front of it as it takes. »
Wishful catchphrases

Quel drôle de film, que ce film qui s’effondre à partir du moment où il est parvenu à sa catastrophe, puisqu’il s’agit d’un film catastrophe ! Car il ne brille pas parmi les livraisons du genre et déjà pas par comparaison avec Dante’s Peak, qui fut son concurrent contemporain, sans parler de la différence avec des marqueurs comme Stromboli ou The devil at 4 o’clock, à commencer par l’absence de montagne éruptive.

Faussement original pour relocaliser une catastrophe volcanique en pleine ville, il est surtout très académique dans sa mise en place, qui fait l’effet d’une exposition par étape doublée d’un cochage de check-list. Mais abstraction faite d’un Tommy Lee Jones qui exagère son personnage du Fugitive en s’abandonnant visiblement aux effets de la cocaïne, la relation sentimentale des deux protagonistes s’avère stérile au point de ne même pas susciter le baiser attendu, et la lave inarrêtable est arrêtée puis détournée sans tuer plus de figurants que de personnages de premier plan. Il est presque plus important pour la géologue qui aura tout compris, de sauver sur la fin la gamine d’un homme qu’elle connaît à peine, que de continuer à comprendre ou à exister scénaristiquement. Il faut reconnaître que les autres sous-intrigues sont traitées de la même manière, comme des passages obligés qui ne méritent aucun affinage, rendant tel sacrifice inutile ou telle rupture superflue. L’ensemble s’accompagne d’une musique qui rappelle de nombreuses bandes originales contemporaines ou plus anciennes, comme celles des Goonies ou de RoboCop et fait l’effet d’un produit de l’air de son temps, passant du mystérieux au martial à grands coups de violons et de cuivres.

Tout mène à l’éruption spectaculaire des La Brea Tar Pits car c’est le moment à effets d’un film à effets, et ce qui la suit y mène aussi rétrospectivement pour ne pas apporter plus que le début, du moins en termes de message et de suspense ou d’originalité. Il s’agit d’une sorte de film circulaire qui voudrait prouver que « les Esprits et les Corps de tous composent pour ainsi dire un seul Esprit et un seul Corps », mais annonce surtout l’épilogue de son descendant San Andreas, cette phrase terrible interdisant tout changement, quand le héros répond aux survivants qu’il s’agit dorénavant de reconstruire.

Pour public averti (et qui ne confondra pas la chose avec le téléfilm de 2020 ni avec le Volcano des années 1970, qui est en réalité un remontage de Krakatoa: East of Java) : Volcano (1997) de Mick Jackson (qui avait déjà infligé Bodyguard aux années 1990), avec aussi Don Cheadle (petit acteur qui l’aura prouvé en voulant se faire plus gros qu’il ne pouvait l’être avec son biopic sur Miles Davis) et John Carroll Lynch (grand acteur qui l’aura prouvé en jouant de sa haute taille sur le tard dans American horror story)

Pour ceux qui veulent tout savoir, et par exemple d’où viennent les illustrations : Dymon Enlow et Twentieth Century Fox

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