Le secret d’un bon Sherlock Holmes

le

Pastiche : affaire traitée par Sherlock Holmes mais dont le compte-rendu rédigé par John Watson n’a pas été publié jusqu’ici (Petit dictionnaire d’holmésologie pratique)

Entre irrévérence et déférence, il y a le pastiche holmésien et il y en a des bons, mais depuis que Sherlock Holmes est tombé tout entier dans le domaine public, ce qui remonte seulement à 2023, tout est permis et La pierre de Mazarin est exploitable. Cette évolution souterraine, qui n’a pas été contrariée par une stratégie à la Disney, plaçant son Mickey en noir et blanc au début de ses films avec quelques retouches pour gâcher la libération de Steamboat Willie, a rencontré le parcours d’un homme de théâtre, qui se mesura à Holmes en 2004 avec 221B et de nouveau en 2010 avec L’extravagant mystère Holmes.

Cet homme a pris le risque de réécrire les affaires du Grand Détective sans réécrire Sherlock Holmes, du moins la rencontre avec le bon docteur et La pierre de Mazarin, en se donnant ce faisant non le premier rôle mais celui du comte Silvius, antagoniste secondaire plus ou moins inspiré du second de Moriarty. Christophe Guillon pour ne pas le nommer, a donc décidé de bousculer le principe du pastiche, et même de ne pas le respecter en citant telle ou telle affaire à travers des noms pour mieux les détourner, le Steppelton de Baskerville devenant un voleur par la contrainte et Flamme d’Argent un cheval rapportant de l’argent à Watson. Il a décidé de multiplier les double sens très français, de donner le rôle bouffon de Lestrade à son frère aux allures de Laurel bourvilesque, de s’amuser des accessoires en clignant de l’œil vers le Grand-Guignol, et même d’inventer une fille à Sherlock.

Le secret de Sherlock Holmes n’est pas un pastiche, c’est le résultat de ce qui a peut-être commencé avec Arsène Lupin contre Herlock Sholmès, de la veine comique qui fait la marque du bon boulevard à la française, et de l’école de ces gens des planches dont les feux ne sont pas ceux des projecteurs de cinéma, mais qui savent faire et font beaucoup avec peu. C’est la promesse tenue d’aller visiter un ami et de le trouver revisité, de l’original et du familier, de la variante et de la proximité, de ce qu’il n’est peut-être pas possible de faire ailleurs qu’au théâtre, et qui réconcilie la culture référentielle avec le plaisir simple de passer un bon moment.

Crédits : Renato Ribeiro, Paris Match, Joueur Productions deux fois, L’Harmattan

Laisser un commentaire